Découvrez le phénomène du ghosting en recrutement, un problème croissant dans le monde professionnel où la communication s’arrête brusquement entre les recruteurs et les candidats. Cela génère frustrations et déséquilibres dans le processus de recrutement. Comprenez les causes, les conséquences et les moyens de lutter contre cette pratique afin d’établir des relations plus transparentes et respectueuses entre employeurs et chercheurs d’emploi.
Introduction au phénomène du ghosting en recrutement
« Le recruteur ne me rappelle pas à la date prévue », ou « recruteur qui fait le mort » voici deux expressions de frustration que j’entends régulièrement de la part de candidats, qui cherchent à comprendre ce qui se cache derrière. J’entends également des plaintes du côté des recruteurs, la différence étant qu’ils connaissent parfaitement le phénomène concerné : le ghosting en recrutement.
Il s’agit d’un comportement malheureusement de plus en plus courant dans le monde professionnel, qui concerne l’arrêt brutal et sans explication de toute communication entre un recruteur et un candidat.
L’origine du terme est le mot anglais « ghost » qui signifie fantôme, pour transcrire la « disparition » subite de l’un des interlocuteurs. Ce phénomène perturbe le processus de recrutement, créant des frustrations chez les deux parties, mais essentiellement chez celle qui en subit les conséquences. Les signes précurseurs du ghosting en recrutement peuvent être variés, allant d’un silence prolongé après une réponse initiale à l’absence totale de retour après un entretien pourtant prometteur.
Apparu initialement avec la montée en puissance des plateformes de recrutement en ligne et des réseaux sociaux professionnels, le ghosting a trouvé un terrain fertile dans un environnement où l’anonymat et la dématérialisation des échanges prédominent. Il est intimement lié à la digitalisation croissante des pratiques de recrutement, les interactions se faisant de plus en plus à distance et souvent par le biais de mails ou de formulaires de candidature liés aux logiciels de recrutement utilisés par les entreprises. En conséquence, la perception de l’engagement et des responsabilités réciproques s’en trouve modifiée.
Les données statistiques récentes illustrent bien l’ampleur du phénomène. Selon une étude de Indeed datant de 2022, près de 75% des candidats ont affirmé avoir été victimes de ghosting par des employeurs à un moment donné de leur recherche d’emploi. De l’autre côté, environ 60% des recruteurs admettent avoir été ghostés par des candidats après une prise de contact initiale. Ce déséquilibre et cette fréquence accrue trahissent une perturbation significative des comportements professionnels traditionnels, imposant une nouvelle réflexion sur les dynamiques de respect et d’éthique dans le processus de recrutement.
On observe que le ghosting en recrutement s’est amplifié ces dernières, influencé par les évolutions technologiques, celles du marché du travail et des mœurs. J’ai moi-même observé cette évolution, en plus de 15 années de pratique du recrutement.
Comprendre les causes et manifestations du ghosting est important pour instaurer des pratiques de recrutement plus claires et respectueuses, à la fois pour les recruteurs et pour les chercheurs d’emploi.
Les raisons du ghosting en recrutement
Dans le monde du recrutement, le phénomène de ghosting, c’est-à-dire l’interruption soudaine et sans explication de la communication entre un recruteur et un candidat, prend de l’ampleur. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce comportement de la part des recruteurs et des candidats.
Un manque de professionnalisme peut souvent être à l’origine du ghosting. En effet, certains individus (quel que soit leur métier ou parcours) ne respectent pas les normes courantes de courtoisie et de communication, ce qui conduit à une rupture de contact inattendue. La surcharge de travail est une autre raison fréquente. Les recruteurs, souvent submergés par de nombreuses candidatures et d’autres tâches administratives, peuvent omettre de répondre, intentionnellement ou non.
Ensuite, des processus de recrutement trop longs ou compliqués peuvent décourager les candidats. Lorsqu’un processus s’éternise ou nécessite des étapes multiples et fastidieuses, certains candidats peuvent décider d’abandonner sans en informer le recruteur, particulièrement s’ils avancent avec succès vers une autre opportunité. Similairement, des offres d’emploi non attractives peuvent également inciter un candidat à interrompre le dialogue. Si les conditions offertes ne correspondent pas aux attentes ou aux standards du marché, il est probable qu’ils ne poursuivent pas l’échange, même s’ils reçoivent une proposition d’embauche.
Les tensions actuelles sur le marché de l’emploi exacerbent également ce comportement. Une offre d’emploi pléthorique ou une pénurie de talents peut accroître le stress et les incertitudes des deux parties, menant ainsi au ghosting. Cette dynamique peut pousser les recruteurs à vite passer d’un candidat à un autre sans notification, tout comme certains candidats peuvent décrocher plusieurs entretiens et choisir de ne plus donner suite à ceux qui leur paraissent moins prometteurs.
Le ghosting pourrait aussi être un mécanisme d’évasion pour éviter les conversations potentiellement inconfortables. Que ce soit pour échapper à l’angoisse de devoir refuser une offre ou éviter un rejet, le ghosting devient une solution de facilité pour éviter les confrontations directes.
Les conséquences du ghosting pour les entreprises et les candidats
Le phénomène du ghosting dans le recrutement a des répercussions significatives tant pour les entreprises que pour les candidats. Pour les entreprises, l’impact sur leur réputation peut être considérable. Un candidat ghosté peut partager son expérience négative via des plateformes en ligne telles que Glassdoor ou des réseaux sociaux comme LinkedIn, ce qui peut ternir l’image de l’entreprise aux yeux d’autres candidats potentiels. Une réputation entachée peut rendre plus difficile l’attraction de talents qualifiés dans un marché de plus en plus concurrentiel.
Par ailleurs, la perte de candidats qualifiés représente un coût d’opportunité majeur. Lorsqu’un candidat prometteur est ignoré, l’entreprise laisse filer un potentiel contributeur précieux, ce qui pourrait retarder l’accomplissement des objectifs organisationnels. De plus, la nécessité de rouvrir des processus de recrutement peut engendrer des coûts additionnels. Ces réouvertures nécessitent des ressources supplémentaires en termes de temps et de budget, souvent non prévus dans la planification initiale.
Pour les candidats, les dégâts émotionnels causés par le ghosting ne sont pas négligeables. Le stress émotionnel lié à une absence de communication ou de retour peut affecter la confiance en soi des individus. Se sentir ignoré ou dévalué peut nuire à la perception qu’un candidat a de ses propres compétences, ce qui peut réduire sa motivation et son engagement dans de futurs processus de candidature. Ces impacts peuvent avoir des effets durables sur la carrière et le bien-être personnel des candidats, c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai écrit le livre « Recherche d’emploi : pliez le Game ! ». Pour aider à (re)prendre confiance et adopter une méthodologie qui a fait ses preuves, afin de décrocher son prochain emploi efficacement.
Des témoignages et des études de cas concrets révèlent la gravité des conséquences du ghosting en recrutement. Plusieurs études avancent que près de 60% des candidats ont vécu une forme de ghosting de la part des recruteurs, ce qui a modifié leur perspective du marché de travail. De même, des témoignages personnels partagés sur des forums professionnels illustrent bien l’ampleur des frustrations ressenties, tant du côté des candidats que des recruteurs.
Comment lutter contre le ghosting en recrutement
Pour lutter efficacement contre le ghosting en recrutement, la transparence et une bonne communication bilatérale sont essentielles. Chacun a en effet sa part de responsabilité pour éviter le phénomène.
Pour les recruteurs
En mettant un point d’honneur à informer les candidats de chaque étape du processus de recrutement, les recruteurs peuvent créer une relation de confiance. Par exemple, un calendrier clair des délais de réponse, des retours sincères sur les candidatures et la clarification des attentes dès le départ permettent d’établir un dialogue constructif.
La mise en place de processus de recrutement plus clairs et rapides est également un levier important. En tant que candidat, vous appréciez d’avoir des réponses rapides et précises, et c’est bien normal. Un processus structuré, avec des étapes bien définies et des délais courts, montre le sérieux de l’entreprise et renforce l’engagement des candidats. De plus, la réduction du nombre d’entretiens et l’amélioration de la préparation des recruteurs contribuent à rendre le processus plus fluide.
Les recruteurs peuvent également s’appuyer sur des logiciels de gestion de candidatures (les ATS) pour informer les candidats de l’avancement de leurs dossiers, en utilisant des systèmes de rappel si nécessaire pour réduire le risque d’oubli ou de négligence.
Former les recruteurs à l’importance de la communication et de l’empathie dans le processus de recrutement est une autre étape clé. Sensibiliser les recruteurs à l’ensemble des impacts négatifs du ghosting leur permettra de prendre des mesures proactives pour éviter ce phénomène. Car si jamais ils étaient insensibles aux impacts émotionnels chez les candidats (cela arrive, malheureusement), les effets négatifs sur la marque employeur, eux, pourraient mieux les convaincre. Un manque de respect des candidats se traduisant par une mauvaise image de l’entreprise est en effet susceptible de rendre le travail des recruteurs plus difficile, nécessitant plus d’efforts pour attirer de nouvelles personnes.
Pour les candidats
J’ai l’occasion d’échanger très régulièrement avec des candidats, que ce soit lorsqu’ils postulent à des offres pour lesquelles je recrute, ou bien dans le cas d’un accompagnement individuel.
Parmi les sentiments qui me sont partagés par ceux qui n’ont pas encore obtenu les résultats attendus à leur recherche, on peut retrouver de la frustration voire de la colère vis-à-vis des pratiques de certains recruteurs irrespectueux : l’absence de réponse, particulièrement après un premier contact, les informations trompeuses ou absentes (par exemple le salaire) pendant le processus…
Le ghosting peut ainsi être pour certains une sorte de « revanche », ou tout du moins une façon de rééquilibrer la relation recruteur-candidat : « les recruteurs ne sont pas corrects avec moi, pourquoi le serai-je avec eux ? ».
Pour lutter contre cela, comme on peut le faire chez les recruteurs, il peut être intéressant d’examiner les impacts du ghosting. Si l’on omet le critère de la courtoisie élémentaire, il y a surtout 2 conséquences lorsque vous décidez de ghoster quelqu’un dans le monde professionnel : des effets émotionnels négatifs chez la personne, et des effets négatifs sur votre image professionnelle. Selon la sensibilité de chacun, cela peut être un argument plutôt qu’un autre qui résonnera.
Le conseil que je donnerais est de rester professionnel en toutes circonstances. Non seulement vous pourrez avoir une meilleure estime de vous-même, en montrant que vous valez mieux que les comportements de certaines personnes indélicates, mais vous préserverez votre image et ne vous fermerez pas de portes.
Le monde professionnel est en effet petit, et à l’échelle d’une carrière il est possible de croiser à nouveau la route de recruteurs avec lesquels vous avez déjà interagi. Décider de ne plus poursuivre une candidature, refuser une offre d’emploi, cela fait partie d’une carrière : faire un retour courtois demande très peu de temps et permet de ne pas risquer de possibles conséquences négatives un peu plus loin sur le chemin.
Et s’il y a vraiment trop de colère vis-à-vis des recruteurs ou du marché de l’emploi, parce que la recherche est une épreuve et que vous n’avez pas encore trouvé la place que vous méritez, il y a des solutions. Nous pouvons en discuter.
Conclusion
Le ghosting en recrutement est l’arrêt brutal et sans explication de la communication entre candidat et recruteur. S’il s’est développé ces dernières années, il provoque toujours des impacts émotionnels négatifs chez la personne qui est subitement ignorée, et ternit l’image de celui qui le pratique, qu’il s’agisse de la marque employeur de l’entreprise ou de l’image professionnelle du candidat.
C’est la raison pour laquelle le ghosting gagnerait à être évité, ce qui ne demande pas beaucoup de temps, de manière à rétablir des relations professionnelles et positives dans le processus de recrutement, et éviter de potentielles conséquences ultérieures.