Cette question revient souvent en recrutement, savoir s’il faut ou non indiquer ses références sur un CV. Dans ce guide complet, nous verrons 5 risques associés. Vous apprendrez à gérer efficacement vos références professionnelles pour renforcer votre candidature, tout en protégeant la confidentialité de vos contacts et la qualité de vos relations professionnelles. Nous explorerons des alternatives comme les recommandations LinkedIn et les lettres de recommandation pour mettre en valeur vos compétences auprès des recruteurs.
Introduction aux références sur un CV
On parle de références professionnelles – ou simplement références en abrégé – pour désigner des personnes qui sont susceptibles de donner un avis sur vos qualités dans ce contexte. Il s’agit de personnes ayant pu juger de vos comportements et compétences en environnement de travail, habituellement des individus vous ayant encadrés tels qu’un manager, un enseignant, un tuteur…
Bien sûr, l’intérêt pour vous de fournir des références est d’avoir des avis positifs, propres à faire pencher la balance en votre faveur dans un processus de recrutement.
Si elles peuvent être demandées au cours du recrutement, certains candidats indiquent spontanément les références sur leur CV, avec souvent les coordonnées de contact complètes.
Voyons à présent l’intérêt ou plutôt les risques de cette pratique, juste après avoir vu pourquoi les recruteurs s’y intéressent.
Pourquoi les recruteurs s’intéressent-ils aux références sur le CV ?
Et même aux références tout court. Leur motivation première est assez claire : il s’agit de recueillir des informations sur les candidats de manière à éviter une erreur de recrutement coûteuse.
Traditionnellement, les recruteurs ont recours aux prises de références en phase finale du processus. Ils cherchent alors à vérifier certaines informations du CV, car il est courant que ce dernier soit « gonflé ». Autrement dit, il peut comporter des informations inexactes – pouvant aller de quelques embellissements à des informations complètement mensongères – que le contrôle de référence peut permettre de détecter. Les recruteurs souhaitent également avoir des avis sur le candidat en situation de travail qui vont venir confirmer, ou infirmer, l’avis qu’ils se sont fait eux-mêmes pendant l’entretien d’embauche.
Il y a aussi pour certains une deuxième motivation que nous évoquerons un peu plus loin.
Les 5 risques que vous prenez en indiquant les références sur le CV
Utiliser une place précieuse et diminuer l’impact du CV
Le CV est une vitrine de vos compétences, son but est avant tout de déclencher l’entretien d’embauche et d’être un support à celui-ci. Par conséquent, il se doit avant tout d’être synthétique et le plus impactant possible, afin de convaincre le recruteur de vous inviter en entretien.
L’un des challenges que de nombreux candidats rencontrent est de synthétiser leur parcours professionnel sur une seule page, avec le maximum d’impact, comme on le voit par exemple en coaching individuel. C’est particulièrement le cas lorsqu’on a déjà une expérience professionnelle confirmée.
Dans cette situation, la mention des références sur le CV vous pénalise à deux niveaux :
- Elle occupe de l’espace précieux : leur absence permettrait d’indiquer une autre information, ou bien d’avoir une mise en page plus aérée, plus agréable du CV
- Elle attire l’œil du recruteur et dilue l’impact des autres informations qui servent à vous ouvrir la porte de l’entretien.
Des soucis de confidentialité
Un deuxième risque concerne la confidentialité des données. Une fois votre CV transmis à plusieurs personnes, et peut-être mis en ligne sur une CVthèque, ces bases de données que les recruteurs peuvent consulter sur des sites tels que l’APEC par exemple, vous ne maîtrisez plus l’utilisation des informations qui y figurent.
Bien sûr, le CV contient tout d’abord un certain nombre de vos informations personnelles, pouvant être sensibles. Vous osez espérer qu’il ne sera pas utilisé à mauvais escient, mais il y a toujours cette possibilité. En indiquant les informations personnelles de vos référents, telles que leurs noms, adresses e-mail et numéros de téléphone, vous pouvez les exposer à un risque d’utilisation malveillante de leurs données, par exemple l’usurpation d’identité, avec toutes les conséquences négatives que cela implique.
Manquer une opportunité de marquer des points
En indiquant d’emblée des référents sur votre CV, notamment avec leurs informations de contact, vous prenez le risque qu’ils soient joints à tout moment, indépendamment de votre contrôle. Car peut-être que vous l’ignoriez, les recruteurs n’attendent pas forcément l’étape de la shortlist, lorsque vous êtes finaliste, pour les appeler. Et cela peut vous desservir, particulièrement si vous avez envoyé plusieurs candidatures.
Vos références pourraient être prises au dépourvu. Dans le pire des cas, elles ne s’attendent pas à être contactées : par exemple, vous avez indiqué un manager qui vous a encadré il y a plus de 5 ans, mais avez peu gardé le contact depuis, et ne l’avez pas informé de la démarche. Dans le meilleur des cas, elles savent qu’elles peuvent être sollicitées, mais ne savent pas à l’avance pour quel poste spécifique on les appelle, et ne peuvent se préparer à l’exercice.
User vos références
Je vais vous confier une des motivations des recruteurs concernant les références, et qui fait qu’ils n’appellent pas qu’en fin de processus. Cela concerne ceux d’entre eux qui travaillent en cabinet de recrutement, qui sont consultants ou « chasseurs de têtes ». Leur activité comporte un important volet commercial.
Ce que vous voyez, c’est qu’ils recherchent des candidats, cependant dans le même temps, ils recherchent aussi des clients à qui vendre leurs services. La prise de référence est alors pour eux une formidable porte d’entrée dans l’entreprise, car sous ce prétexte, ils ont pu passer le barrage téléphonique de l’accueil et avoir au bout du fil un représentant de l’entreprise, à qui ils vont pouvoir proposer leurs services. Et cela de manière plus ou moins habile, et plus ou moins insistante.
Lorsque j’étais recruteur en entreprise, il est arrivé que je sois sollicité pour une prise de référence vraiment très succincte, et j’ai bien senti que le motif réel de l’appel était de chercher à me vendre des services – le consultant voulait avant tout décrocher un contrat pour une mission de recrutement avec l’entreprise dans laquelle je travaillais.
Imaginez donc que vos références soient appelées à plusieurs reprises, dont certaines fois pour des motifs commerciaux non désirés. C’est prendre le risque d’avoir chez elles un phénomène « d’usure », avec des conséquences négatives.
Altérer la relation avec vos références professionnelles
Ce risque découle de plusieurs points que nous avons développées ci-dessus.
Imaginez que vos références soient appelées sans en avoir été informées en amont, qu’elles soient sollicitées trop fréquemment, ou bien pour des motifs commerciaux. Pensez-vous que vous pourrez vous appuyer longtemps sur elles ?
Vous risquez surtout d’entamer leur motivation à vous aider, et dégrader votre relation avec elles, ce qui peut vous desservir considérablement dans votre carrière.
5 conseils pour bien utiliser les références professionnelles
Ces bonnes pratiques vous permettront d’éviter les risques et de pouvoir bénéficier de l’appui de vos références sur la durée au cours de votre carrière.
Toujours obtenir l’accord des références
Ce premier point est absolument crucial. En plus de 15 années de recrutement, combien de fois ai-je demandé des références à des candidats, qui me donnent spontanément les coordonnées d’un ancien manager, ou d’un collègue actuel, pour arriver ensuite à l’échange suivant : je leur demande si la référence a été informée, et si elle est d’accord pour que je la contacte, et là les candidats me répondent que ce n’est pas le cas…
Je vous livre une des nombreuses anecdotes que j’ai sur le sujet, vécue dans mon réseau : une collègue actuelle d’un candidat qui est appelée par un recruteur, sans en avoir été informée avant, apprenant par la même occasion que son collègue cherche à quitter l’entreprise !
Assurez-vous donc d’avoir l’accord de vos références pour les citer, car tous les recruteurs ne vérifieront pas auprès de vous avant de décrocher leur téléphone et de les appeler !
Valider la pertinence de vos références
Montrez au recruteur que vous savez faire preuve de discernement, et maximisez vos chances, en sélectionnant seulement des références pertinentes pour l’emploi auquel vous postulez.
Un manager qui vous a encadré il y a plus de 10 ans, dans un domaine métier différent, n’est peut-être pas le plus indiqué pour vous aider sur l’opportunité spécifique que vous poursuivez.
Ne donnez pas non plus le bâton pour vous faire battre. Inutile de donner les coordonnées d’une personne si vous n’êtes pas certain(e) qu’elle pourra parler positivement de vous. Là encore, je parle d’expérience, le candidat peut donner les coordonnées de son ancien manager, en toute transparence, alors que ce dernier n’a pas franchement apprécié la collaboration et va surtout faire perdre des points.
Appeler les références juste avant
Vous avez déjà eu l’accord de vos références pour vous aider ? Parfait !
Pour une efficacité maximale, il vaut mieux que vos références en sachent plus sur le poste pour lequel on va les appeler. C’est ce que l’on entend lorsque l’on parle de « briefer » ses références, lorsqu’on les informe qu’elles vont être sollicitées de manière imminente, et qu’on leur donne le contexte exact. De cette manière, elles pourront réaliser une meilleure mise en lumière de vos compétences par rapport au poste spécifique, en prenant les exemples les plus appropriés. Notez qu’il ne s’agit pas de mentir, en vous inventant des compétences inexistantes, mais d’avoir plus d’impact sur le résultat, surtout si le recruteur en face leur pose des questions assez générales.
Faire un retour à vos références
Ce point est essentiel en termes de courtoisie professionnelle, ainsi que pour maintenir une bonne qualité de la relation sur la durée.
Votre référence professionnelle a été sollicitée pour donner son avis sur vos compétences lors d’un processus ? Tenez-la informée des suites, quelles qu’elles soient. Si vous avez été recruté(e) c’est parfait, cela vous donne une occasion de célébrer ! Dans le cas contraire, le feedback de votre référence pourra vous être précieux : on pourra vous dire quels sont les points que le recruteur a souhaité vérifier en premier, quels sont ceux sur lesquels il s’est attardé, ou au contraire ceux qu’il semble avoir validés rapidement. Tout cela pourra vous servir pour faire la différence lors d’une prochaine candidature !
Devenir référence professionnelle à votre tour
Une façon de créer une boucle vertueuse est de devenir à votre tour référence professionnelle. Vous pouvez même l’être pour l’une de vos références, en cas de besoin, quel qu’ait été le poste dans lequel vous l’avez côtoyée. Cela fonctionne à partir du moment où vous pouvez apporter des éclairages sur ses comportements professionnels et ses réalisations.
Être référent professionnel pour quelqu’un est toujours apprécié, et contribuera à forger de très bonnes relations professionnelles sur la durée.
Les alternatives aux références sur CV
La mention « références sur demande » ou « références disponibles sur demande »
Certains me diront que c’est la meilleure solution, car on n’indique pas directement ses références sur son CV, ce qui permet de préserver la confidentialité et protéger des contacts non sollicités.
Désolé de vous décevoir si vous étiez convaincu(e) du contraire, mais pour moi cette mention ne sert à rien ! Je respecte bien sûr tous les avis et les pratiques, et comprends complètement ce qui peut amener à l’utiliser : on veut mettre en avant qu’il existe des personnes susceptibles de recommander la candidature. Mais dans le Monde réel, que vont faire les recruteurs de cette information ?
La prise de références fait partie intégrante de certains processus de recrutement. Ainsi, le recruteur va de toute façon vous les demander, que vous l’ayez indiqué ou non sur votre CV ! Et il vous sera difficile de refuser, si vous souhaitez rester dans la course pour le poste visé. Par conséquent, la mention que des références existent est inutile, et occupe un espace potentiellement précieux dans votre CV.
La mention des références via un autre canal
Vous avez parmi vos références une personne que vous souhaitez absolument citer ? Parce qu’elle connaît surement le recruteur et que cela pourrait jouer en votre faveur, qu’elle occupe un poste prestigieux, ou une autre raison ?
Vous pourriez tout à faire citer cette référence par un autre canal, que ce soit dans votre lettre de motivation, votre mail de candidature, ou au cours du processus de recrutement.
Les lettres de recommandation
Les recommandations sont un moyen parmi d’autres pour donner plus de poids à votre dossier de candidature, elles peuvent d’ailleurs provenir de vos références. Un portfolio contenant des lettres de recommandation de vos anciens employeurs peut donner aux recruteurs un aperçu détaillé de vos réalisations et de votre contribution dans différents projets. De même, mentionner brièvement des recommandations spécifiques dans votre lettre de motivation peut renforcer votre candidature en fournissant des preuves concrètes de votre succès professionnel.
Généralement, les personnes rédigeant les lettres de recommandation ont à cœur de vous aider, pour remercier d’une bonne collaboration passée. Elles se tiennent souvent disponibles pour plus d’informations, si besoin, en tant que références.
Les recommandations en ligne
Une autre option pour démontrer votre crédibilité et votre professionnalisme est l’utilisation de témoignages professionnels sur LinkedIn, qui sont visibles de tous les recruteurs. En incluant des recommandations de collègues, de managers ou de clients sur votre profil, vous permettez aux employeurs de voir des preuves tangibles de votre compétence et de votre impact dans vos rôles précédents. Ces témoignages peuvent être consultés facilement et ajoutent une dimension supplémentaire à votre candidature.
Conclusion
Même si vos références ont à cœur de vous aider dans votre recherche, pour que cela fonctionne sur le long terme il vaut mieux ne pas en abuser et faire appel à elles quand c’est vraiment nécessaire. C’est-à-dire quand vous êtes finaliste, et que leur avis peut à ce moment-là être le facteur qui fera pencher la balance en votre faveur.
Par conséquent, pour répondre à la question initiale de l’article, vous l’aurez compris : il vaut mieux garder la main, en évitant d’indiquer les références sur le CV, et en les communiquant uniquement lorsque vous serez en fin de processus.
Bien sûr, le choix est entre vos mains.
A vos succès !