Découvrez les dangers des faux CV, une pratique courante dans le monde du recrutement. Apprenez comment les recruteurs détectent les fraudes et les risques légaux, professionnels et personnels associés. Retrouvez également des conseils pour éviter de falsifier votre CV et mettre en avant vos compétences réelles, afin de réussir votre recherche d’emploi et bâtir une carrière durable.
Introduction aux faux CV
Les faux CV, ou curriculum vitae falsifiés, sont des documents où des informations ont été altérées ou inventées pour présenter un candidat sous un jour plus favorable. Ce phénomène est de plus en plus courant dans le monde du recrutement, où la concurrence pour les postes peut être féroce. Les candidats peuvent être tentés de gonfler leurs compétences, d’inventer des expériences professionnelles ou de créer des diplômes fictifs pour se démarquer des autres.
Il existe plusieurs formes de falsification. Comme dans de nombreux domaines dans la vie, tout n’est pas noir ou blanc, mais plutôt en nuances de gris. On peut ainsi considérer qu’il y a un continuum, avec d’un côté la pratique de quelques « embellissements » d’expériences passées ou de compétences, qui s’opposent de l’autre côté avec la production d’un faux CV, c’est-à-dire la véritable action de tricher sur son CV, de mentir, de chercher à tromper le recruteur en fabriquant des informations de toutes pièces.
Les embellissements
L’inflation des compétences est l’un des « aménagements » les plus fréquents : les candidats exagèrent leurs capacités techniques ou leur expertise dans un domaine particulier. Par exemple, un candidat peut prétendre maîtriser un logiciel spécifique alors qu’il n’en a qu’une connaissance superficielle. Il peut également surévaluer son niveau en langues (c’est un grand classique) : c’est la situation où vous indiquez un anglais courant pour avoir une chance de décrocher le poste, alors que vous êtes plutôt d’un niveau débutant.
Il y a des embellissements que certains qualifieraient de mineurs : typiquement, forcer le trait pour une compétence que l’on considère déjà avoir, afin de convaincre davantage. Cela pourrait être d’indiquer que l’on a encadré une équipe de 5 personnes, alors que l’on n’avait qu’une ou deux personnes sous sa responsabilité : dans une certaine mesure, on peut en effet considérer que la compétence en management est déjà présente.
Mentir sur son CV
Nous entrons à présent dans le domaine du véritable mensonge, c’est-à-dire celui du faux CV, sans possibilité d’interprétation différente.
Ajouter une fausse expérience professionnelle est ici une pratique courante : certains peuvent inventer des postes qu’ils n’ont jamais occupés, ou allonger la durée de leurs emplois précédents pour masquer des périodes d’inactivité, qu’il s’agisse d’un congé parental, maternité, ou bien d’une période de chômage.
Des diplômes inexistants peuvent être ajoutés au faux CV. Certains candidats n’hésitent d’ailleurs pas à citer ici des établissements prestigieux qu’ils n’ont jamais fréquentés, espérant marquer le maximum de points avec leur(s) faux diplôme(s).
Une pratique qui se justifie ?
Certaines personnes qui utilisent de faux CV rationalisent leur comportement, en arguant que le marché de l’emploi est injuste, et les pousse à cette pratique.
D’autres sont guidées par un esprit entrepreneurial, en se disant qu’elles seront de toute façon capables de se former rapidement et tenir le poste. Cela me fait penser à la citation suivante de Richard Branson, milliardaire et co-fondateur du groupe Virgin : « Si quelqu’un vous offre une opportunité incroyable mais que vous n’êtes pas sûr de pouvoir le faire, dites oui, puis apprenez comment le faire par la suite. ».
Des paroles inspirantes incitant au passage à l’action, sans doute valables dans de nombreux contextes, en tout cas on peut se poser la question de leur compatibilité avec le cadre légal du recrutement – la suite de l’article s’efforcera de donner des éléments de réponse.
Une relation qui démarre sur les mauvaises bases
On pourrait considérer que la falsification de CV va à l’encontre des valeurs de transparence et d’honnêteté qui devraient être fondamentales dans un processus de recrutement, afin de construite une base solide pour une collaboration ultérieure fructueuse. Un faux CV peut non seulement tromper les recruteurs, mais également créer des attentes irréalistes de la part de l’entreprise, ou nuire à sa performance par la suite.
Par ailleurs, la découverte de telles falsifications peut entraîner des conséquences graves pour les candidats, pouvant aller comme nous le verrons jusqu’à des poursuites pénales.
5 risques associés aux faux CV
Voyons tout de suite les 5 risques que vous prenez en utilisant un faux CV, dans leur ordre d’apparition potentiel.
Arrêt du processus de recrutement
Le CV « dopé » ou falsifié a permis d’obtenir l’entretien de recrutement ? C’était le but premier, maintenant il faut pouvoir convaincre le recruteur !
C’est souvent au stade de l’entretien que le candidat qui a utilisé un faux CV est démasqué (nous verrons plus en détail en partie suivante comment les recruteurs s’y prennent). Le CV gonflé fait alors pschitt, si vous me permettez l’expression.
La conséquence immédiate, et la plus fréquente en cas de mensonge(s), est alors l’arrêt pur et simple du processus de recrutement. Parfois la raison sera donnée au candidat – certains recruteurs aimant donner des leçons de morale ne perdraient probablement pas l’occasion de le faire. Dans la majorité des cas, cependant, les vrais motifs ne seront pas communiqués, et le recruteur fera un retour négatif « type ».
Être blacklisté(e)
Lorsque le candidat qui a triché a été démasqué au cours de l’entretien, il court le risque d’être « blacklisté » par l’entreprise, même si on ne lui dit pas. Exit ainsi les chances d’y postuler à nouveau, même quelques années plus tard. Les recruteurs (dont les RH) ont généralement une bonne mémoire pour ce type d’épisodes. Ils ont également la plupart du temps des logiciels de gestion du recrutement dans lesquels ils peuvent laisser des commentaires sur les candidats, pour indiquer l’utilisation d’un faux CV.
Selon la gravité de l’imposture et ses conséquences (notamment si elle est découverte plus tard), le candidat peut être considéré comme indésirable dans un périmètre bien plus important que l’entreprise, que ce soit au niveau local, ou bien dans un secteur d’activités donné.
Vous avez déjà entendu l’expression « le Monde est petit » ? Les recruteurs se côtoient fréquemment lors de divers évènements, font parfois partie de clubs professionnels… Certaines entreprises qui ont été lésées peuvent avoir à cœur de partager leur expérience : que cela soit pour l’anecdote, pour empêcher des collègues de se faire avoir, ou bien pour se venger du candidat indélicat en cherchant à lui fermer des portes (qu’il utilise un vrai ou un faux CV).
Et vous ne savez jamais sur qui vous tombez, ni l’influence que cette personne peut avoir. Dans certains milieux professionnels où tout le Monde se connaît, faire un tel faux pas, c’est risquer d’être grillé et de compromettre son avenir professionnel.
Impact sur la santé mentale et le bien-être
Admettons que l’utilisation du faux CV se concrétise par le recrutement, c’est accepter de poursuivre son parcours dans le poste en étant placé sous une épée de Damoclès. Le stress et l’anxiété constants causés par la peur d’être découvert peuvent affecter la santé mentale et le bien-être général. Vivre dans la crainte que la vérité soit révélée – tôt ou tard – peut engendrer une certaine pression psychologique, perturbant la vie personnelle et professionnelle.
Des situations nécessitant les compétences requises par le poste (et pour lesquelles il y a eu tromperie) vont se présenter, il faut pouvoir y faire face. Éviter les remontrances de l’employeur, les potentielles moqueries des collègues qui pointent du doigt des domaines d’incompétence, et peuvent produire davantage de stress et mener à de l’isolement.
Licenciement
Avant de parler de licenciement proprement dit, le risque le plus fréquent lorsqu’un faux CV a été utilisé et qu’il y a eu embauche pèse pendant les premières semaines, voire les premiers mois de contrat. C’est la rupture de la période d’essai, qui peut avoir lieu que le mensonge soit effectivement découvert ou non. En effet, le but de celle-ci pour l’employeur est de pouvoir vérifier les compétences du salarié à son poste. L’employeur peut rompre la période d’essai à tout moment, sans motif, moyennant un préavis qui varie selon les situations. Et c’est souvent ce qu’il fera s’il s’aperçoit qu’une ou plusieurs compétences essentielles ne sont pas (assez) présentes, sauf exceptions.
Une fois la période d’essai passée, la découverte des fausses informations du CV peut mener à un licenciement immédiat, le plus souvent pour faute grave. Bien sûr, cette situation peut entraîner des désaccords, et des procédures aux Prud’hommes. L’employeur justifiera souvent le licenciement par la rupture de confiance, et le caractère déterminant des informations fournies par le candidat pour aboutir à son embauche. Dans tous les cas, cela ternit le dossier du candidat, et risque de l’exposer à des difficultés dans sa recherche d’emploi ultérieure.
Poursuites judiciaires
Nous arrivons ici au plus gros risque pris en falsifiant son CV ou des documents associés (fiches de paye, attestations employeurs, diplômes…). Il s’agit d’une infraction pénale, le faux et usage de faux, qui peut être punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende (article 441-1 du Code pénal).
Bien sûr, les embellissements ou imprécisions dont nous parlions en début d’article ne mèneront pas jusqu’ici, cependant ce risque peut se concrétiser dans certaines situations. Il y a par exemple des cas de personnes ayant usurpé des titres protégés, tel que celui d’architecte, de médecin ou de psychologue, et qui ont alors été condamnées à purger des peines de prison ferme.
Comment les employeurs détectent les faux CV
Laissez-moi vous raconter une petite histoire.
🏰 Il était une fois, dans une contrée très lointaine…
Un bébé recruteur, qui dormait paisiblement dans son berceau.
Loin de s’imaginer les tumultes du marché du travail, auquel il serait un jour confronté…
Mais voilà que tout à coup, une fée apparaît, se penche au-dessus du berceau et…PAF !
🪄 D’un coup de baguette magique, elle lui offre le don du sixième sens.
Voilà, à présent plus personne ne pouvait lui raconter de carabistouilles.
Et il vécut heureux, en recrutant de nombreux candidats en phase avec ses besoins.
Avouez-le, je vous ai presque convaincu, non ?
Plus sérieusement, les employeurs utilisent une variété de méthodes pour détecter les faux CV et s’assurer de l’authenticité des informations que vous leur fournissez en postulant.
Je vous en présente ici quelques-unes, sachant que c’est souvent en combinant ces différentes méthodes que les employeurs arrivent à démasquer les candidats malhonnêtes et prendre des décisions d’embauche éclairées.
L’analyse du CV
Avant même l’entretien, certains signes d’alerte peuvent indiquer la présence d’un faux CV. Les recruteurs vont s’attacher à analyser les dates d’emploi, examiner des lacunes inexpliquées dans l’historique professionnel. Des compétences qui semblent trop larges ou trop générales sont également des indices qui peuvent inciter les employeurs à effectuer des vérifications plus approfondies.
Les entretiens
Les entretiens approfondis constituent une méthode efficace pour identifier les faux CV.
Le premier niveau d’analyse concerne la communication verbale (les mots employés). Les recruteurs vont vous poser des questions détaillées sur vos expériences professionnelles, cherchant des incohérences ou des réponses floues. Ils peuvent demander des exemples concrets de projets réalisés ou de défis surmontés. Si vous ne pouvez pas fournir de détails précis ou que vous hésitez à répondre, cela peut éveiller des soupçons et inciter le recruteur à creuser davantage, ou à s’abstenir de poursuivre.
Un deuxième niveau d’analyse, effectué en parallèle, concerne la communication non-verbale, dont j’ai parlé dans ce passage d’article. C’est une arme de détection extrêmement puissante pour le recruteur.
Les tests de compétences
Vous avez indiqué « anglais bilingue » sur votre CV, alors que le nombre de phrases que vous pouvez produire se compte sur les doigts d’une main ? (et encore, parmi celles-là, vous avez « my tailor is rich » et « where is brian? »). Vous allez souffrir…
Les tests de compétences sont en effet largement utilisés pour évaluer la véracité des qualifications mentionnées. Ces tests peuvent inclure des exercices pratiques, des études de cas ou des évaluations en ligne qui mesurent vos compétences techniques et professionnelles. Les résultats de ces tests permettent aux employeurs de comparer les compétences déclarées avec celles réellement possédées, et de mettre à jour les faux CV.
Concrètement si la compétence est testée, c’est qu’elle est importante pour le poste. Si le recruteur constate un écart trop important entre votre niveau réel et ce que vous aviez indiqué, vous serez vraisemblablement recalé.
La vérification des références
Le contrôle de références est une technique couramment utilisée, plutôt en fin de processus. En contactant les anciens employeurs ou d’autres référents que vous avez fournis, les recruteurs peuvent valider les expériences passées et les compétences revendiquées. Les questions posées lors de ces vérifications sont souvent spécifiques et conçues pour confirmer les dates d’emploi, les responsabilités et les réalisations : le faux CV ne résiste pas à l’exercice, lorsqu’il est bien mené.
La vérification des documents
Cette phase intervient typiquement lorsque le recrutement est finalisé, et que l’on passe à la phase administrative de l’embauche, cependant elle peut aussi intervenir en cours de processus dans certains cas, lorsqu’on vous demande d’emblée de fournir les copies de vos diplômes par exemple.
L’employeur vérifie les éléments essentiels liés au recrutement et à ce que vous avez avancé pendant le processus. Et si jamais vous aviez pour ambition d’être recruté avec un faux CV, n’imaginez pas qu’il est possible de filouter et contourner le sujet en jurant que vos documents (diplômes, attestations employeur…) ont été perdus dans un déménagement. Ou mangés par votre chien. Les RH ont plus d’un tour dans leur sac !
Conseils pour éviter les faux CV
Dans un marché du travail compétitif, je comprends qu’il puisse être tentant de falsifier son curriculum vitae pour se démarquer. Dans certains cas, il s’agit de s’ouvrir la porte à un emploi auquel on n’aurait pas eu accès autrement (en tout cas à très court terme), par exemple un job de rêves, parce qu’on n’a pas encore les compétences ou l’expérience requise. Dans d’autres, il s’agit tout simplement de décrocher un poste, de casser un cycle d’échecs dans la recherche d’emploi, qui peut être difficile si on n’a pas les bonnes méthodes.
Cependant, il est crucial de résister à cette tentation – ne serait-ce que si on prend en compte les graves conséquences possibles – d’autant plus qu’il existe des alternatives.
La meilleure stratégie pour éviter de créer un faux CV est d’acquérir de nouvelles compétences, et d’optimiser votre candidature et vos techniques de recherche d’emploi.
Muscler son CV au lieu de gonfler son CV
Non, je ne joue pas sur les mots ! Et ce n’est pas du tout la même chose.
D’un côté, gonfler son CV, ce qu’on a vu jusqu’à maintenant, c’est le doper artificiellement pour le rendre plus attractif auprès des recruteurs et espérer décrocher l’emploi convoité.
De l’autre, muscler son CV, c’est acquérir de nouvelles compétences grâce à la formation continue, pour rendre son CV plus attractif auprès des recruteurs et… décrocher l’emploi convoité ! Car la grande différence ici, c’est que ces nouvelles compétences sont acquises, et non pas virtuelles comme dans un faux CV. Par conséquent vous pourrez vous appuyer dessus pour réellement convaincre en entretien, puis une fois en poste.
Vous avez aujourd’hui l’embarras du choix pour développer les compétences utiles à votre futur poste, que ce soit à temps plein ou à temps partiel, en présentiel ou à distance : avec des livres, bien entendu, mais également des cours que vous pouvez suivre auprès d’écoles, d’universités, du CNAM par exemple, via des plateformes de cours en ligne proposant des MOOC, par exemple FUN. Certaines de ces modalités vous permettront d’obtenir une certification.
Optimiser votre candidature et vos techniques de recherche d’emploi
Une autre possibilité est de travailler sur vos éléments de candidature actuels, de manière à mieux valoriser votre parcours, et d’améliorer votre méthode de recherche d’emploi, afin d’avoir accès à plus d’opportunités et de convaincre davantage.
Pour faire ce travail, vous avez la possibilité de vous former à partir de différents canaux, ce qui demande surtout du temps, et bien sûr d’avoir des sources fiables pour éviter de faire fausse route. La méthode la plus rapide et efficace consiste à s’appuyer sur un coach carrière expérimenté. Il va pouvoir mobiliser ses compétences et sa connaissance du marché de l’emploi pour cibler précisément les points sur lesquels agir : mettre en lumière vos talents, gérer une période d’inactivité dans le parcours…
En outre, au-delà du CV, l’accompagnement personnalisé permet d’agir sur de nombreux autres leviers pour faire la différence et convaincre, tels que par exemple l’entraînement à l’entretien d’embauche.
Conclusion
Si l’on peut comprendre dans certaines situations les motivations qui poussent à faire un faux CV, au vu des 5 principaux risques que nous avons passés en revue, il faut se poser une question essentielle : le jeu en vaut-il la chandelle ?
En effet, en étoffant son CV grâce à de nouvelles compétences, en l’optimisant et en mettant en place la bonne stratégie de recherche d’emploi, il est possible d’atteindre son objectif et décrocher le poste visé sans prendre de risque.
C’est l’assurance de protéger votre intégrité professionnelle et de construire une carrière durable, car vous avez peut-être déjà entendu le dicton… La réputation monte par l’escalier et descend par l’ascenseur.
A vos succès !